Alter Politique - le blog d'un mouton noir

"Si tu ne t'occupes pas de politique, la politique s'occupe de toi." - Rockin'Squat.

Coopérative Atanka : petite contribution à la possibilité d'une alternative

Un autre monde est à inventer. Un monde où nous devrons travailler, produire, échanger et consommer autrement, favorisant la coopération et l'équilibre plutôt que la concurrence et l'exploitation.

L'investissement politique est important, mais il demeurera une impasse si la possibilité même d'une alternative n'est pas reconnue. Car c'est parce qu'il se prétend désormais sans alternative que le système capitaliste néolibéral se veut triomphant, et toujours plus arrogant.

Mais c'est aussi l'une de ses faiblesses.

Convaincus que c'est d'abord dans le champ économique qu'il faut agir, et que les coopératives constituent un outil potentiellement très intéressant, nous avons créé la Coopérative Atanka : pour apporter notre petite contribution à cet indispensable chantier qu'il nous faut ouvrir : réinventer le monde, et en premier lieu l'économie.

Oh bien sûr une SCOP ne fait pas une révolution, loin s'en faut ! Mais elle est une petite graine de plus parmi toutes celles dont des magazines tels que L'Age de Faire se font l'écho, qui chacune à sa mesure contribue à remettre l'histoire en mouvement, pour tordre le cou à cette fameuse sentence prononcée par la tristement célèbre Margaret Thatcher : il n'y a pas d'alternative ("There Is No Alternative" - TINA).

Et bien si, il y en a ! Et ceux qui participent à cette aventure éprouvent le plaisir jubilatoire et communicant de faire, d'être acteurs d'un changement.

Avec Atanka, c'est également l'occasion de découvrir des producteurs passionnés qui expérimentent et réinventent une autre agriculture, un autre rapport à la nature.

Vins, confitures, jus de fruits, terrines, douceurs, café (zapatiste)... vous allez vous régaler ! Bienvenue chez Atanka, et bon appétit !

Alter-Politique / Atanka

19 novembre 2009 dans Coopératives | Lien permanent | Commentaires (0)

Le Mouton Noir quitte le PCF

Je suis entré au PCF par intuition, je le quitte par conviction.

L'intuition communiste

Convaincu de la nocivité du système capitaliste tant pour l'Homme que la planète, et de la nécessité impérieuse de bâtir une alternative à cette organisation de l'économie et de la vie sociale, j'ai souhaité m'engager dans le champ politique.

Je me suis un peu documenté, j'ai pris contact avec différentes organisations, et j'en ai conclu que seuls les communistes avaient réellement cette ambition de changer le monde, en agissant concrètement aujourd'hui tout en proposant une vraie alternative. J'ai donc rejoint le PCF à l'été 2005.

L'étonnement

Congrès, collectifs, assemblée extraordinaire, etc... le PCF a traversé depuis une période quasi continue de débats internes profonds. Pendant toutes ces réunions, la plupart des intervenants se demandaient... ce qu'était le communisme (du 21ème siècle ou pas), et quel pouvait bien être notre proposition pour le monde d'aujourd'hui. Plusieurs fois je me suis pincé : étais-je bien au Parti "Communiste" ?

Pour moi c'était pourtant simple : si le capitalisme c'est l'exploitation maximale des ressources et des hommes par une classe qui s'est appropriée le capital, c'est-à-dire les moyens de production, alors le communisme c'est l'abolition de cette exploitation grâce à un système économique fondé sur l'appropriation sociale des moyens de production et d'échange, et tourné vers la satisfaction des besoins des populations. Et le PCF doit revendiquer cet objectif qui doit structurer toute son action.

J'ai lu pour m'en assurer. Les anciens (Marx : "il faut faire la révolution économique en permanence, faire du communisme maintenant !") et les communistes "labellisés" bien sûr, mais aussi les nouveaux et les autres pour constater que la pensée communiste existe bien, qu'elle est riche, vivante, foisonnante, et que toute la matière première est là. L'excellent "Du capitalisme au communisme" de Christian Brochant. Le très détaillé "L'appropriation sociale" de la Fondation Copernic. L'étonnant "Après le capitalisme" du nord-américain Michael Albert. Tout ce qu'inventent et mettent en pratique les zapatistes pour organiser l'économie et les services publics par et pour les citoyens.

Les réponses existent donc. Avec quelques camarades, avec nos petits moyens bien limités par rapport à toutes les têtes pensantes de Colonel Fabien, nous avions ainsi rédigé l'année dernière un document présentant ce que pourraient être aujourd'hui les propositions communistes dans le domaine de l'économie.

Alors comment expliquer cette désertification idéologique apparente d'une grande partie des adhérents du PCF ?

La désillusion

Cette amnésie collective n'est pas un hasard. Elle est une conséquence. Celle du refoulement de l'idéal communiste organisé depuis des années par l'appareil du PCF pour assurer la "respectabilité" du parti et sa compatibilité avec le Parti Socialiste, allié obligé de la direction du PCF pour "sauver les meubles" à chaque élection.

Cette stratégie trouve son point d'orgue dans le 34ème congrès qui se prépare actuellement.

Le projet de plate-forme politique ("base commune") adopté cette semaine par près de 61% des adhérents est un texte désemparé, sans perspective, pâle copie mal réécrite de ce que développe avec beaucoup plus de talent Jean-Luc Mélenchon, qui représente l'aile gauche du PS (tendance organisée sous le nom de "PRS").

Aucune remise en cause fondamentale du capitalisme. Aucune perspective d'une organisation alternative des rapports de production, par l'appropriation collective des moyens de production et d'échange. Juste un "nouveau mode de développement".

Cette proposition a toute sa place sur l'échiquier politique, mais je ne vois pas ce qu'elle a de communiste, même si le mot est conservé. C'est du communisme "canada dry". Si ce capitalisme régulé et gentil représente effectivement le projet politique qu'ils souhaitent porter, j'invite les camarades qui ont choisi ce texte à rejoindre en masse PRS, ils s'y sentiront très bien et ce sera beaucoup plus efficace pour atteindre cet objectif.

Le PCF meurt de ne plus oser être communiste. Il ne propose plus de projet clairement identifié. Les électeurs ne s'y trompent pas, les résultats en chute libre en attestent. Ainsi que la baisse dramatique du nombre d'adhérents.

Il reste des communistes au PCF !

24% des adhérents ont pourtant soutenu notre texte alternatif "Faire vivre et renforcer le PCF – une exigence de notre temps", clairement communiste, et ce malgré toutes les manœuvres de l'appareil du PCF et le "légitimisme" de bon nombre des adhérents. Alors faut-il rester ?

Une image s'est imposée à moi en écoutant et lisant les arguments de mes camarades qui font ce choix : c'est le syndrome de la femme battue par rapport à son tortionnaire ! "Il est gentil quand il ne boit pas" (en dehors des périodes électorales), "Mais je n'ai nulle part où aller !" ou encore "Je sais que je peux le faire changer" (le pire).

Quittons cette analogie (certainement douteuse) pour revenir sur le terrain politique. Au sein du PCF, ces camarades déploient une énergie incroyable pour exister, faire avancer leurs idées, convaincre autour d'eux... mais à l'intérieur du parti ! Au lieu de le faire dans la société ! Objectivement, l'appareil du PCF est devenu aujourd'hui un allié de fait du système capitaliste, en détournant et en neutralisant les forces de milliers de militants.

Je respecte néanmoins leur choix et je me trompe peut-être. Ces militants restent mes camarades, mais pour moi c'est fini, je n'ai plus rien à faire dans ce parti.

Mais je ne regrette pas...

En m'incitant à chercher des réponses pour comprendre ce qu'il s'y passait, le parti m'a finalement rendu "plus communiste". Et ces quelques trois années représentent pour moi une expérience humaine irremplaçable. Elles m'ont beaucoup apporté et appris. Elles m'ont fait grandir un peu, et permis de rencontrer des gens exceptionnels.

Que faire maintenant ?

Jamais il n'a été plus urgent de construire une alternative au capitalisme, de montrer que l'on peut faire autrement. Avec la crise dont la population commence seulement à subir les effets réels, une opportunité historique s'offre à nous.

Dans le champ politique, une nouvelle formation communiste verra peut-être le jour : les communistes sans parti sont aujourd'hui les plus nombreux ! Je ne vois pas bien quand ni comment elle naîtra, mais elle devra renouveler profondément les pratiques politiques, en inventant et en adoptant d'autres modes d'exercice du pouvoir. Les sources d'inspiration existent, qu'il s'agisse des propositions du PCF (si !) pour une 6ème république, écrites par un certain Cohen-Seat (incroyable, le même que celui des "valises de plomb"), mais jamais appliquées au sein même du PCF (et pour cause), ou encore des expérimentations des zapatistes. Il faudra retravailler le rapport aux élections et le rôle des élus, car avoir des élus ne s'oppose pas à une perspective authentiquement communiste, par exemple en impliquant les populations dans la vie publique pour promouvoir l'appropriation collective de la gestion municipale et des services publics (et bon nombre d'élus PCF font un travail remarquable en ce sens).

Mais tout ceci prendra du temps. Par ailleurs, je ne crois pas que le NPA représente une solution (l'agglomération contestataire et hétéroclite des "anti" ne remplacera jamais l'unité dans l'action d'une base militante se battant "pour" un même projet).

Comme je le proposais en décembre dernier, l'urgence est de "combattre concrètement, par la preuve, l'idée qu'il n'y aurait plus d'alternative : nous devons faire du communisme maintenant."

Et le communisme, comme la politique, c'est d'abord de l'économie. Aujourd'hui, l'une des meilleures façons de déstabiliser le capitalisme, c'est donc de prouver dans le champ économique que les solutions capitalistes ne sont pas les meilleures, qu'il en existe d'autres, à la fois plus justes, plus humaines et plus efficaces : ce sont les coopératives (SCOP : "société coopérative de production").

Quelques citations :

  • "Les SCOP ont vocation à supprimer le profit réalisé par l'entrepreneur sur le travail".
  • "La cause du contrat de société coopérative est la satisfaction des besoins personnels ou professionnels des membres."
  • "Les associés de la société coopérative sont les "apporteurs d'activité" (les travailleurs) de l'entreprise coopérative."
  • "Le principe de la gestion démocratique implique la souveraineté des usagers (travailleurs associés), l'élection des dirigeants par les dirigés et le fait que l'exercice du pouvoir est attaché, non pas à la part de capital détenue, mais aux seules personnes."

C'est pas du communisme ça ? Et c'est tiré du très austère Guide Juridique des SCOP (620 pages en petites lettres) édité par la très sérieuse Confédération Générale des SCOP.

Je vais donc prendre le risque de quitter mon travail actuel, pour créer une coopérative et m'investir dans le mouvement coopératif français et européen, en contribuant à développer ses dimensions profondément subversives et politiques.

Fraternellement,

Mouton Noir

02 novembre 2008 dans Un mouton noir chez les rouges | Lien permanent | Commentaires (2)

La riposte ou la révolution ?

N'acceptant pas de me résigner face aux ravages du capitalisme, j'ai adhéré au PCF il y a environ deux ans, pour rejoindre ceux qui luttent contre ce système, ceux qui n'acceptent pas la fin de l'Histoire et proposent une alternative.

Aujourd'hui je m'interroge : le PCF est-il la bonne organisation pour lutter contre le capitalisme ? Que lui manque-t-il ? Que faudrait-il faire ?

Les paragraphes qui suivent proposent quelques réponses à ces questions, avec l'espoir de susciter un dialogue et des réactions pour élaborer les projets dans lesquels des militants comme moi auront envie d'investir leur temps et leur énergie.

Le PCF est-il encore révolutionnaire ?

Au-delà des références théoriques, l'organisation PCF n'a aujourd'hui plus aucune stratégie révolutionnaire, à savoir une idée concrète des actions à mener pour réellement bouleverser la société et ébranler le capitalisme. Même si sa base militante est d'une richesse politique extraordinaire, son encadrement et sa direction nationale ne proposent aujourd'hui comme seul horizon que "la riposte". Cette stratégie est une impasse. Elle est totalement passive. On subit le rythme des coups de l'adversaire, on le laisse choisir son terrain (qui change tous les 10 jours), on épuise petit à petit toute crédibilité politique et surtout on ne construit rien. Le tout en implorant le PS de nous aider à conserver quelques élus. Pitoyable.

Pendant que les professionnels de la politique font mine de chercher notre projet et les formes politiques qu'il conviendrait d'adopter (surtout pour leur assurer un avenir personnel), les militants ne se posent pas ce genre de questions (les réponses sont connues), mais se demandent plutôt que faire concrètement aujourd'hui.

L'urgence et la possibilité d'une stratégie révolutionnaire !

Prenons du recul. Choisissons notre combat. Contre-attaquons. Avec trois impératifs :

  • Choisissons notre rythme et notre terrain, prenons l'initiative.
  • Inscrivons-nous dans la durée, indépendamment du calendrier électoral.
  • Gardons toujours une perspective réellement révolutionnaire : notre objectif est de bouleverser en profondeur la société, pas de jouer les dames patronnesses.

L'une des clés absolument essentielles est de combattre concrètement, par la preuve, l'idée qu'il n'y aurait plus d'alternative : nous devons faire du communisme maintenant. Pour y parvenir, il faut attaquer le capitalisme au cœur, en déstabilisant les piliers sur lesquels il s'appuie. Cette stratégie pourrait s'articuler autour de trois axes :

  • La révolution dans les têtes : la fraternité contre la peur.
  • La révolution dans les villes : les coopératives contre la plus-value capitaliste.
  • La révolution dans les campagnes : l'agriculture naturelle contre la malbouffe.

Même si le pouvoir institutionnel reste un objectif car lui seul permet de modifier en profondeur certaines règles, nous allons voir qu'il est possible d'agir tout de suite et très concrètement dans ces trois axes, pour créer une dynamique autrement plus efficace que l'impasse mortifère que représente la stratégie avant tout électoraliste dans laquelle s'est enfermé le PCF depuis 20 ans.

La révolution dans les têtes : la fraternité contre la peur

La peur du chômage. La peur de la rue. La peur des jeunes. La peur de tomber malade. La peur des banlieues. La peur des étrangers. La peur de la Chine. La peur des autres.

Cultivée par les médias (comme l'a brillamment montré Michael Moore), la peur est le terreau dans lequel prospère le "libéralisme" : elle favorise le repli sur soi, sur l'individu.

Combattre la peur, c'est assécher le terreau idéologique du capitalisme. Et on peut la combattre :

  • D'abord en la nommant, en la montrant du doigt. Ce qui suppose des campagnes de communication frappantes, imaginatives et décalées. Ca ne coûte pas cher mais ça suppose d'accepter de prendre des risques.
  • Ensuite en affirmant que la peur n'est pas une fatalité, car les solutions existent. Ainsi, c'est pour ne plus avoir peur des conséquences sociales de la maladie que les travailleurs se sont dotés de la sécurité sociale à la Libération. Et si le patronat s'est appliqué depuis à la démolir petit à petit, en espérant en venir à bout définitivement ("refermer la parenthèse du Conseil National de la Résistance"), c'est bien sûr pour reprendre en main ce secteur économique, mais c'est aussi pour raviver cette peur et casser cette solidarité.
  • Enfin, en mettant en place très concrètement des actions de rencontre et de solidarité, pas pour "faire du social" mais pour apprendre à se connaître et restaurer le sentiment de fraternité entre les travailleurs, le meilleur antidote de la peur. Quelques exemples : la marche pour l'emploi organisée par les communistes du Nord – Pas-de-Calais, l'Appel aux Sans Voix (http://www.appelauxsansvoix.org), des permanences d'écrivain public, etc. A l'opposé du caritatif, c'est la dignité de lutter ensemble qu'il faut restaurer.

Dans un deuxième temps, quand nous aurons (re)trouvé une audience importante, on peut imaginer de constituer des services publics alternatifs pour reconstruire les mécanismes populaires de solidarité que le capitalisme débridé aura démolis.

La révolution dans les villes : les coopératives contre la plus-value capitaliste

A la base du capitalisme, de l'accumulation du capital financier, il y a l'extraction de la plus-value sur le travail salarié. C'est le moteur du système. On peut s'y attaquer dès aujourd'hui, en favorisant le développement des coopératives, les SCOP (Sociétés Coopératives Ouvrières de Production).

Les SCOP, c'est autant de salariés dont le travail ne vient pas grossir le capital. C'est une partie de la production qui échappe aux logiques purement financières. C'est une preuve concrète que l'on peut produire autrement, que la démocratie sur le lieu de travail n'est pas contradictoire avec l'efficacité économique. C'est la subversion au cœur du système.

On peut agir concrètement :

  • Créer un site Web de promotion des SCOP, avec une notation et un label décerné aux plus "révolutionnaires", une rubrique emploi, une bourse aux projets, des témoignages, le calendrier des fêtes (voir ci-dessous), etc.
  • Constituer un réseau de soutien juridique et de formation : aide à la reprise d'une entreprise par les salariés, aide à la création.
  • Organiser des fêtes ! Chaque salarié qui abandonne le secteur capitaliste pour rejoindre le secteur coopératif est une victoire : cette victoire doit être fêtée. On peut même imaginer une cérémonie à la manière des baptêmes républicains, pour souligner la portée subversive et révolutionnaire de chacun de ces petits événements. Ces fêtes seraient une réponse (parmi d'autres) à la perte du lien social et aux ravages qu'engendre l'absence de rites de passage dans notre société (mais ça c'est un autre débat !).

Aujourd'hui, en France, il n'y a que... 36 000 salariés travaillant dans des SCOP ! Faisons tout pour que ce chiffre soit multiplié par 10, par 100, et ceux d'en face commenceront alors à vraiment s'inquiéter ! Quand ils tenteront de réagir, par exemple en légiférant contre les SCOP, nous aurons gagné : la mobilisation sera immédiate et... ils seront venus sur le terrain que nous aurons choisi.

La révolution dans les campagnes : l'agriculture naturelle contre la malbouffe

L'agriculture industrielle constitue un axe essentiel du développement du capitalisme. Elle est aliénante tant dans ses modes de production (nouveau prolétariat agricole) que dans ses conséquences (destruction de l'agriculture vivrière et de la paysannerie) et même dans ses produits : la malbouffe est en elle-même une forme d'aliénation qui touche les plus pauvres et anéantit leur santé.

Même si la finitude et la fragilité de notre environnement n'étaient pas aussi palpables à son époque, Marx lui-même l'avait déjà affirmé : le capitalisme c'est aussi la surexploitation des ressources naturelles.

Promouvoir le développement d'une autre agriculture dans nos campagnes, c'est aussi semer les graines de la révolution ! Et les solutions existent. Je pense en particulier à l'agriculture naturelle, mise au point par le Japonais Masanobu Fukuoka. Cet ancien microbiologiste a consacré toute sa vie à mettre au point une méthode d'agriculture obtenant des rendements comparables à ceux de l'agriculture dite "moderne", mais sans mécanisation, sans chimie, sans surexploitation des ressources... ni du travail humain ! Et il ne s'agit pas de théorie, mais d'expérimentation pratique menée dans sa ferme pendant des dizaines d'années. Simple paysan, Fukuoka a d'ailleurs eu le tort d'écrire des livres et de donner des conférences pour faire connaître sa méthode. Ceux d'en face ne s'y sont pas trompés : l'armée japonaise (carrément !) a détruit ses cultures et saisi ses semences.

On pourrait ainsi :

  • D'un côté, mener des campagnes pour dénoncer les méfaits de l'agriculture industrielle, mais en mettant en évidence leur dimension politique et leurs conséquences sur la société.
  • De l'autre, promouvoir des démarches comme celles de Fukuoka, susciter ou appuyer des expérimentations, pour montrer là aussi qu'une alternative est possible.

Le rôle déterminant des élus

Avoir des élus peut parfaitement s'inscrire dans le cadre d'une telle stratégie, mais il s'agit alors d'un moyen (parmi d'autres) de démultiplier et d'accélérer les actions menées. Toutefois, ce moyen n'est en aucun cas central, et ne saurait prendre une importance démesurée au point de devenir... une fin en soi.

La dimension internationale

Dans toutes ces actions, la dimension internationale doit systématiquement être développée.

Des coopératives se sont développées dans d'autres pays, en Amérique du Sud mais aussi en Europe même. Tisser des liens privilégiés avec elles est essentiel, pour partager des expériences mais aussi pour mettre en place des coopérations industrielles et commerciales, ou encore travailler ensemble la question du protectionnisme et de la mondialisation.

De même, des projets d'agriculture naturelle voient le jour aux Etats-Unis ou en Australie, ils constituent de précieuses références et des appuis indispensables pour développer cette alternative en France.

Bon alors, faut-il rendre sa carte ?

Ce ne sont là que quelques pistes et suggestions d'actions concrètes que l'on peut mener dès aujourd'hui. A partir de là, plusieurs hypothèses se présentent pour lancer ces initiatives :

  • Doit-on ou peut-on les lancer dans le cadre du PCF ?
  • Faut-il créer une autre organisation pour mettre en œuvre cette stratégie ?
  • Ou plutôt constituer un réseau ouvert, axé sur chaque action, en invitant les militants du PCF (et d'ailleurs) à s'investir dans les actions opérationnelles qui seront imaginées ensemble ?

Qu'en pensez-vous ?

29 décembre 2007 dans Un Nouvel Avenir | Lien permanent | Commentaires (9)

Le grand écart de Marie-George

Samedi 27 octobre. Manifestation nationale organisée par le Parti Communiste sur le thème de "la riposte". Prises de parole à Jaurès. Après plusieurs interventions très intéressantes, discours de clôture de Marie-George Buffet. Discours assez long articulé en plusieurs parties.

Commentant l'état de la scène politique, Marie-George dénonce une fois de plus la dérive droitière du Parti Socialiste et ceux qui font "un bout de chemin avec la droite", puis révèle que le PS vient d'annoncer le matin même qu'il ne s'opposerait pas au nouveau traité constitutionnel que Sarkozy veut nous imposer. Huées de l'assistance.

Quelques phrases plus tard, Marie-George affirme que lors des municipales de mars 2008, il faudra jouer le rassemblement, et malheur à ceux qui ne joueront pas le jeu. Elle ne le dit pas aussi clairement que lors de ses précédentes interventions sur le sujet, mais tout le monde met les sous-titres : la stratégie affichée par la direction nationale est de s'allier dès le 1er tour avec le PS.

Non Marie-George. Le rassemblement, c'est au second tour. Le premier tour, ça sert à montrer sa différence (s'il y en a une), à porter son projet (si on y croit) et à construire un rapport de force pour fusionner les listes de gauche au second tour, derrière la liste arrivée en tête, pour faire barrage à la droite.

Faire liste commune dès le 1er tour, c'est jeter dans les bras de la LCR tous les électeurs écoeurés par la dérive droitière du PS. C'est renforcer la bipolarisation de la vie politique que nous dénonçons tant. C'est poursuivre la stratégie qui tue le PCF lentement mais sûrement.

Dans le même discours, dénoncer la dérive droitière d'un parti qui bafoue le NON exprimé démocratiquement par le peuple français, et prôner l'alliance avec le même parti dès le premier tour, ça s'appelle faire le grand écart. Très grand. Trop grand ?

Le discours prend ensuite plus de recul, pour présenter les grands axes de nos propositions pour le pays. On a l'impression de revoir la campagne présidentielle. Et la même nausée revient : ces propositions sont très séduisantes, mais elles ne se distinguent absolument pas de celles que pourraient formuler PRS, l'aile gauche du PS.

Ce discours politique de Marie-George était un discours socialiste de gauche, pas un discours communiste ! Où est notre différence ? A quoi sert le parti communiste sur la scène politique ? Son rôle n'est-il pas d'affirmer qu'il est possible de penser autre chose que le capitalisme ? Que la question des rapports et des modes de production est au cœur de la politique ? Que la réappropriation sociale des services publics et des moyens de production peut commencer dès aujourd'hui ? Que l'espoir qui se lève en Amérique du Sud peut également s'allumer en Europe ? Que cette lumière peut venir de la France ? Que c'est le combat que veulent mener les communistes ?

Si face à un auditoire exclusivement constitué de communistes, nos dirigeants ne sont pas capables de porter une parole authentiquement communiste, comment les croire quand ils affirment possible de fondre le PCF en un "courant communiste" au sein d'un nouveau parti de gauche, grand machin de la "transformation sociale" qui serait créé à la gauche du PS ?

N'aurions-nous pas plutôt besoin d'un Parti Communiste renouvelé et renforcé, fier de son projet, capable d'ouvrir de nouvelles perspectives vers un Nouvel Avenir et de montrer comment commencer à le bâtir dès aujourd'hui ?

28 octobre 2007 dans Un mouton noir chez les rouges | Lien permanent | Commentaires (2)

POUR UN REFERENDUM MILITANT SUR LES MUNICIPALES DE 2008

"Cher-e camarade.

Nous sommes toutes et tous adhérentes et adhérents au PCF. Nous sommes communistes et ne représentons aucun courant.

Nous estimons être, aujourd’hui, insuffisamment ou imparfaitement représentés au sein de nos instances dirigeantes.

Nos directions ne seront probablement pas renouvelées lors du Congrès de décembre 2007.

Elles ne peuvent cependant considérer qu'elles bénéficient d'un chèque en blanc des adhérents pour faire ce qu'elles veulent d'ici décembre 2008.

En effet, il nous apparaît que, sur certaines orientations stratégiques majeures, et compte tenu de la situation actuelle de la France depuis le « coup d’Etat sarkozyste », nos directions ne peuvent faire l'économie d'une consultation sincère et réellement ouverte de « la base ».

La question des municipales de 2008, de listes communistes, et de l’alliance avec le PS, est une de ces orientations majeures, d’autant que le PS a choisi d’en faire une question nationale.

Aussi, nous réclamons aujourd’hui, très fraternellement mais fermement, par la présente pétition, que soit organisé d’urgence un référendum militant national sur ce sujet.

Cette question est fondamentale, d’un point de vue politique, idéologique et électoral ; nous pensons que la réponse à cette question conditionne notre futur et notre résistance à la droite réactionnaire et capitaliste, et nous tenons donc à ce qu’elle soit tranchée par les militants eux-mêmes, avant le Congrès de décembre prochain.

Nous n’ignorons pas que le référendum militant n’est malheureusement pas prévu par les statuts du PCF, mais nous pensons qu’une situation exceptionnelle mérite une réponse exceptionnelle, comme ce fut le cas par deux fois pour soutenir la candidature de Marie-George Buffet auprès des collectifs.

Nous ne pouvons imaginer que nos camarades dirigeants n’entendront pas nos voix.

Voici donc le texte des trois questions que nous souhaiterions voir posées ensemble sur ce sujet par la voie du référendum :

- Souhaitez-vous que le PCF présente des listes menées par les communistes au premier tour des municipales, en se réservant éventuellement le droit de fusionner entre les deux tours avec d’autres listes de gauche majoritaires ? OUI/NON

- Souhaitez-vous que l’union avec des listes de gauche ne puisse se faire que sur la base d’un programme commun minimum et d’un accord conférant un réel pouvoir aux communistes ? OUI/NON

- Souhaitez-vous que, le cas échéant, certaines dérogations locales puissent être apportées à ce principe dès le premier tour en fonction de l’état des forces sur le terrain ? OUI/NON

Etant entendu qu’auront le droit de participer à ce référendum tous les militants à jour de leur cotisation au 1er mai 2007.

Cette pétition sera portée solennellement et en délégation, Place du Colonel-Fabien, au siège du PCF avant le congrès de décembre 2007.

Salutations fraternelles."

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Pour information :

Cette pétition est une initiative de militants communistes, destinée aux adhérent-e-s du PCF, Bellaciao ayant simplement accepté de nous mettre ses moyens techniques à disposition.

Vous pouvez la signer en ligne sur Bellaciao, ou encore, manifester votre soutien sur le blog de Mouton Noir (vous y êtes !), de La Louve ou de Sad, entre autres, et également, renvoyer la pétition par voie postale à Bellaciao / Pétition, 120 rue Lafayette 75010 Paris.

N’hésitez pas à la faire circuler et à en discuter, notamment en section (notre but n’étant pas de désorganiser le Parti mais au contraire, d‘œuvrer à sa réorganisation nécessaire).

La clôture des signatures est fixée au 30 octobre 2007.

Premiers signataires, par ordre alphabétique (merci de mettre vos nom, prénom, ville, section) :

Saddok Abed, PCF Lyon Croix Rousse
Erwan Baete, PCF Paris 20è
David Blumental, PCF Paris 20è
Liet Kynes, PCF Paris 17è
Philippe Lelong, PCF Paris 20è
Jacques Michel, PCF 94, Plateau Briard
Christian Monzier, PCF Paris 19è
Paul Réginer, PCF Brest
Maguy Ruiz, PCF Montpellier Sud
Elodie Tuaillon, PCF Paris 17è
Max Weinstein, PCF Paris 17è

01 octobre 2007 dans Un mouton noir chez les rouges | Lien permanent | Commentaires (0)

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