Quelques réflexions "à chaud", au lendemain du premier tour...
Avril 2007. Le monde reste dominé par un système économique qui prospère en attisant la concurrence entre les peuples et entre les "communautés" (jeunes contre vieux, français contre immigrés, chômeurs contre salariés, etc.), en détruisant la fraternité et le contrat social, en faisant prospérer l'insécurité, en distillant dans les tripes d'une part croissante de la population le poison de l'angoisse des lendemains. Ce système produit beaucoup de richesses (pour certains) mais prive les autres du bonheur de vivre...
Avril 2007. Plus que jamais, l'urgence est de construire une alternative à ce système, de montrer qu'elle est possible, de préserver l'espoir. Au-delà des luttes syndicales ou sociales, indispensables pour résister quotidiennement, le lieu de la construction de cette alternative, le lieu de la nécessaire élaboration des propositions politiques, c'est le parti.
Avril 2007. Aujourd'hui, en France, le parti où les conditions de cette élaboration peuvent être réunies est le Parti Communiste Français. Peuvent. Si de la séquence qui se clôt par le scrutin du 22 avril, plusieurs enseignements sont tirés.
Y a-t-il une alternative capitaliste au néolibéralisme ?
Ceux qui le croient sont au PS (disons PRS). Ceux qui refusent d'affronter cette question sont dans le mouvement altermondialiste. Le PCF n'a aucun avenir s'il ne répond pas clairement par la négative à cette interrogation. Le PCF doit être résolument anticapitaliste ou il disparaîtra.
Cette alternative peut-elle ignorer l'écologie ?
Ceux qui comme Nicolas Hulot veulent nous faire croire que l'écologie n'est ni de droite ni de gauche sont des bouffons dangereux, pour la planète et ceux qui l'habitent. Les défis énormes que l'humanité devra affronter ne pourront être relevés sans remettre en cause la place de l'économie par rapport à l'Homme. La malbouffe, l'exposition à de multiples substances nocives, la pollution de l'environnement, la difficulté d'accès à l'eau… sont aussi des aliénations. Le communisme du 21ème siècle sera un écommunisme.
Comment s'impliquer dans la gestion du système actuel ?
Le PCF compte des milliers d'élus. Cette implication nécessaire présente le danger de faire croire que l'alternative que nous proposons peut s'accommoder du système en place. Accaparés par le quotidien, certains élus pourraient se couper du parti et s'assécher politiquement... Les élus communistes doivent être impliqués dans la vie politique du parti, pour rester les témoins actifs de l'alternative que nous proposons, dénoncer les aberrations du système actuel et susciter les luttes pour le combattre.
Quel usage faire des médias ?
Sur le terrain et dans les meetings nous avons fait une bonne campagne, mais dans les médias elle était nulle. Nous nous sommes laissés enfermer dans le rôle d'aile gauche du PS : dames patronnesses à peine plus virulentes, énumérant longuement le catalogue des droits que nous revendiquons, inaudibles sur les moyens et surtout les transformations radicales nécessaires. Nous devons apprendre à nous jouer des médias, même et surtout s'ils nous sont hostiles. Les prendre à leur jeu, les surprendre (agit-prop), nous concentrer sur peu de messages bien choisis (les délocalisations par exemple).
Et les "collectifs"... quels collectifs ?
L'expérience des collectifs a été enrichissante : nous avons beaucoup appris de nos "partenaires" de la gauche de la gauche... Dans le grand public, hors des cercles militants, cette expérience est de toute façon totalement inaudible. Sa seule traduction visible aurait pu être une candidature unique, on a vu ce qu'il en a été. Un parti politique ne se réduit pas à une plate-forme logistique ou financière, il est et doit rester le lieu de l'élaboration politique, entre militants unis autour des mêmes convictions. Fort de son projet et sûr de son identité, il peut alors se confronter de façon constructive à ses partenaires pour se rassembler dans les luttes ou aborder ensemble certaines échéances électorales sur des bases claires.
Avril 2007. Nous avons beaucoup à faire, mais tout reste possible, car le PCF est riche de ses militants, de ses élus, de son projet et de Marie-George !